Le Peuple d’Israel a enfin repris sa marche vers la Terre d’Israel. Cela ne se fait pas sans tiraillements ni ajustements… Après 39 ans d’une vie hors de la vraie vie, ils vont retrouver la civilisation et apprendre à voir D.ieu et Ses miracles autrement que par les manifestations extraordinaires qui les ont accompagnées dans le désert…
Balak nous amène vers cette conscience. Notre Paracha porte le nom du roi de Moav qui, prenant conscience de l’arrivée imminente du peuple d’Israel fait appel au plus grand des prophètes des Nations, celui qui maîtrisait toutes les forces occultes pour qu’il maudisse ce peuple jusque là invincible.
Bilaam est donc le personnage principal de notre Paracha. Une Paracha d’ailleurs un peu particulière puisque le Talmud dans Bava Batra (14b) nous enseigne qu’ avec le livre de Devarim, ce sont des textes qui ont été rédigés par Moché. Pour Devarim, nous le comprenons puisque c’est le discours de Moché.
Mais pourquoi l’histoire de Bilaam aussi?
Tout simplement parce qu’aucun des enfants d’Israel ne fut témoin de cette histoire! Elle est révélée à Moché par Hachem, mais tout cet épisode s’est déroulé à l’insu des hébreux. Si tous les récits rapportés dans la Torah ont pu être relayés par les protagonistes qui les ont vécus, pour celui-ci, nul témoin de notre peuple!
Le peuple d’Israel vit donc sa vie tranquillement sans se douter le moins du monde des forces obscures qui se déchaînent contre lui, des intentions malveillantes, des machinations occultes que ses ennemis montent pour le faire chuter. Et sans avoir conscience de ce que D.ieu fait pour le protéger. Notre Paracha déchire un peu le voile, nous raconte ce qui se passe au-delà de notre bulle… Juste la semaine dernière, Myriam et Aharon sont morts, et les miracles des nuées protectrices et du puits de Myriam sont de l’histoire ancienne. La disparition prochaine de Moché est aussi annoncée. Dans ce temps transitoire, Balak vient donc illustrer la protection divine permanente qui accompagne le Peuple d’Israel, sans que celui ci ait à faire un quelconque effort, tant qu’« elles sont belles tes tentes, Jacob », que le peuple d’Israel maintient une vie sainte et saine et protège l’intimité de ses foyers. Bilaam, qui échoue a les maudite, donnera le conseil à Balak de les pervertir pour qu’ils deviennent vulnérables, mais cela, c’est déjà la fin de l’histoire.
L’histoire de Bilaam aurait pu rester secrète si Moché n’en avait reçu la révélation par Hachem et ne l’avait écrite ici, précisément à ce moment où la conscience du miracle perpétuel de la survie du peuple d’Israel face aux desseins ourdis par ses ennemis a besoin d’être intégrée.
L’histoire de ce miracle caché a reçu une sorte de confirmation peu après la guerre des Six Jours quand, dans la vallée du Jourdain du côté Jordanien, une équipe d’archéologues hollandais a découvert sur le site de Der Alla (certains considèrent qu’il s’agit de Souccot, une des étapes de nos ancêtres dans le désert) des inscriptions en écriture araméenne qui mentionnent un personnage nommé Bilaam fils de Beor qui a des visions apocalyptiques et donne des malédictions.
Et la langue de ces inscriptions se rapproche des mots de Bilaam dans notre Paracha…
Un autre témoignage, à part celui de Moché, de la puissance maléfique de ce triste personnage. Et une confirmation que les nuées protectrices qui ne laissaient rien passer dans le désert sont désormais et pour le reste de l’histoire transformées en une bulle invisible de protection divine, qui ne laisse passer ni flèche ni parole destructrice.
D.ieu nous protège, nous ne savons pas de quoi… Parfois, nous en avons la démonstration évidente. D’autres fois, c’est la Torah qui nous le raconte. Et il arrive que des éléments de preuve nous parviennent. Même 3000 ans après…
Chabbat Chalom!
