Un petit mot sur la Paracha לעילוי נשמת אבי מורי ראובן בן איסר ע״ה ישראליוויטש

Kedochim 5779 / Aimer. Le reste n’est que commentaire…

K

Depuis Chabbat dernier, l’actualité nous a donné l’occasion de verser de nombreuses larmes. Des larmes d’angoisse et de prières pour nos frères exposés aux roquettes tirées de Gaza, des larmes de tristesse pour les victimes de ces attaques, des larmes de peine et de nostalgie pour les milliers de soldats tombés pour protéger Israel, pour les victimes du terrorisme qui continue de nous menacer, des larmes d’émotion pour ceux qui ont tant donné pour construire ce pays et qui s’investissent pour faire triompher l’esprit de notre peuple, des larmes de joie quand on réalise que nos ancêtres, pendant 2000 ans, ont rêvé de voir ce que nous avons la chance de vivre et dont nous oublions un peu trop souvent la nature miraculeuse. 

Et cette semaine si riche émotionnellement est accompagnée de la lecture de la Paracha Kedochim, avec une injonction: « Soyez saints car Je suis saint! ».  Une paracha courte, 64 versets. Mais 51 commandements qui nous expliquent que la sainteté n’est pas une ascèse ni une béatitude mais que c’est ici et maintenant, dans nos actions les plus triviales, dans notre relation à D.ieu mais aussi, à notre prochain. Et au milieu de tout cela, un commandement qui, selon Rabbi Akiba dans le Sifra, représente la quintessence de la Torah: 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même; Je suis l’Eternel » (Vayikra XXI, 18)

« Rabbi Akiba dit: c’est un grand principe de la Torah ». C’est tout ce que Rashi dit sur ce verset. Comme si cela suffisait pour répondre à la multitude de questions que suscite cette phrase. 

Je dois vous dire que j’ai lu pas mal de commentaires sur cette Mitsva, chaque mot, voire chaque lettre du verset appelant une explication. Mais finalement, j’ai eu envie de partager avec vous quelques histoires d’amour que l’actualité a révélées cette semaine. C’est vrai, mon propos cette semaine est très israélien mais pas que: Kedochim est la Paracha que nous lisons en France et partout en Diaspora, alors qu’en Israël, on lit déjà Emor. Une sorte d’osmose qui nous permettra de transcender le temps et l’espace…

Parce que si souvent, ce qui est mis en avant dans les médias, ce sont les divergences d’opinion, les divisions et les attaques, ces derniers jours nous avons pu mesurer la puissance des déclinaisons possibles de la Mitsva de l‘Amour du prochain, d’Ahavat Israël. Il se trouve que ce sont des histoires de femmes cette fois-ci, mais elles ne sont pas les seules à se distinguer bien évidemment!

La première grande dame dont je veux parler s’appelle Martha Motsan. C’est la journaliste Sivan Rahav-Méir qui a raconté son histoire dans un reportage qu’elle a tourné pour Arutz 2 à l’occasion de Yom Hazikaron. Martha est née il y a 92 ans. Son mari et elles sont des rescapés d’Auschwitz et leur fils Avremi zl’ qui a étudié dans les Yechivot Kol Torah et Shaalabim a été tué il y a 37 ans, pendant la Guerre du Liban. Après la semaine de deuil, ses amis ont décidé d’organiser une cours de Torah à sa mémoire. Et ce cours dure depuis 37 ans. Toutes les trois semaines, les anciens copains qui sont aujourd’hui tous des grands-pères se réunissent chez Martha, dont le mari est décédé il y a quelques années. On voit dans le reportage l’affection qui lie Martha à ces hommes qui se considèrent comme ses fils, la lumière dans ses yeux lorsqu’elle les voit arriver et étudier, les chiffres tatoués sur son bras et la photo de ce fils dont l’assiduité et l’amour de ses amis continue de faire vivre et d’élever l’âme… Martha est décédée mercredi, avant la diffusion de ce reportage, et a été enterrée le jour de Yom Hazikaron… 

Martha Motsan et le cours à la mémoire d’Avrémi zl’

La deuxième femme est bien plus jeune et c’est une people israélienne qui a une histoire loin d’être superficielle. Linor Abargil a fait l’objet de toutes les conversations en Israel parce qu’elle a été choisie pour être co-présentatrice de la Cérémonie Officielle d’ouverture des festivités de Yom Haatsamout avec l’allumage des flambeaux par des personnalités qui se sont distinguées dans différents domaines. Linor est aujourd’hui une femme pratiquante, qui se couvre les cheveux avec un de ces boubous à la mode dans certains milieux. Mais en 1998, elle fut élue Miss Israel puis Miss Monde… Cette même année, elle subit un viol avec tentative de meurtre à laquelle elle échappa par miracle et suite à quoi, elle se reconstruisit, notamment par un combat qui la mena à faire des études d’avocate puis à se vouer à la cause des victimes de violences sexuelles à travers le monde; une résilience qu’elle nourrit de son amour des autres

Linor Abargil pendant la Cérémonie des Flambeaux

Linor Abargil continue de faire du mannequinat, en respectant désormais la Tsniout, se voulant un pont entre les mondes souvent polarisés de la société israélienne… 

Son histoire fait l’objet d’une série documentaire, « Brave Miss World », diffusée sur Netflix.

Cette cérémonie de l’allumage des flambeaux est toujours très émouvante, et cette année n’a pas fait exception. Les organisateurs ont voulu distinguer des personnes qui incarnent l’esprit d’Israel et ce qui est interessant, c’est que ce qui est plus fort que tout, c’est l’esprit d’altruisme qui les habite. Les dernières à avoir allumé leur torche sont trois femmes qui devaient être déjà extraordinaires mais que le malheur a poussé sur le devant de la scène. Ra’héli Frankel, Bat-Galim Shaar et Iris Ifra’h, les mères de Naftaly Frankel, Gil-Ad Shaar et Eyal Ifra’h, ces trois adolescents qui ont été enlevés en juin 2014 et assassinés par des terroristes palestiniens. Dans leur discours, elles ont rappelé la fraternité et l’union qui avait saisi tout le peuple d’Israel pendant ces quelques jours où nous tous étions suspendus au destin de leurs fils. Et leur combat pour créer des passerelles, chercher l’unité et l’amour entre toutes les franges de la société israélienne. 

Ra’héli Frankel, Bat-Galim Shaar et Iris Ifra’h

Et enfin, il y a celle qui a fait pleurer tout le monde et qui a suscité une standing ovation spontanée, dont le message est devenu viral sur les réseaux sociaux… Marie Nahmias.

Marie Nahmias, que tout le monde appelle Mamou, habite Afoula et a 93 ans. Elle est née en Tunisie où elle a échappé à 16 ans à une arrestation par les nazis. Elle a fait son Aliya quelques temps après la création de l’Etat d’Israël et a eu 8 enfants. Un de ses fils a été blessé pendant la Guerre de Kippour et est mort de ses blessures… Marie a un « coeur » d’or. C’est d’ailleurs le mot qui revient le plus dans sa bouche. Avec le mot « aimer », et le mot « tous ». Marie a été une mère adoptive pour 52 enfants, dont une grande partie portaient un handicap et qui étaient abandonnés à la naissance par leur famille. Cette femme, qui a été la coqueluche des médias ces derniers jours, fait montre d’une humilité, d’une force, d’un amour, d’un don de soi exceptionnels. Il n’y a qu’à voir les yeux des présentateurs de l’évènement, du premier ministre Netanyahu et de sa femme qui se sont levés pour l’ovationner quand, prise par l’émotion, Manie Nahmias a exprimé ce qui, au fond, fait vibrer Israël: ce n’était pas un discours mais une bénédiction, une prière, les bras et les yeux levés vers le ciel: « Moi, Marie Nahmias, fille de Chalom et ‘Hanna Sabbah de mémoire bénie, je bénis l’Etat d’Israël, de tout coeur, que D.ieu m’entende et les Tsadikim, que (le pays) aille en s’élevant, en se multipliant, qu’ils soient nombreux, que nos soldats ne meurent plus, Ya Rebbi, de tout coeur, juifs, arabes, chrétiens, Druzes, D.ieu nous a tous créés; qu’Il nous donne la Paix, et l’an prochain, encore 10 millions. Amen. »

A vrai dire, je voulais vous parler du fait que pour Ibn Ezra, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » nous appelle à aimer et vouloir le bien de l’autre comme pour nous même. Que lorsqu’un païen qui voulut se convertir vint voir Hillel en lui demandant de lui apprendre la Torah sur un pied, celui-ci reprit ce verset dans une interprétation araméenne disant « ce que tu ne veux pas que l’on te fasse, ne le fais pas à ton prochain. Le reste n’est que commentaire…. ». Que certains insistent que pour « aimer son prochain comme soi-même » il faut déjà s’aimer soi-même. Que cette mitsva nous enjoint d’aimer chacun pour l’âme divine qui est en lui, au-delà de ce qu’il est.  Et encore beaucoup d’autres choses sur ce fondement de la Torah.

Mais ces histoires parlent de coeur, d’amour, d’Ahavat Israël. Elles donnent les larmes aux yeux. Et je voulais les partager avec vous, elles sont l’esprit d’Israël, l’esprit de l’Ahavat Israël.

Le reste n’est que commentaire…

Chabbat Chalom

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Sarah Weizman

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