Un petit mot sur la Paracha לעילוי נשמת אבי מורי ראובן בן איסר ע״ה ישראליוויטש

Tetsavé / L’éloge de la constance…

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Dans notre Paracha, il y a un grand absent. Moché, qui, depuis sa naissance à Chemot est cité dans tout le reste de la Torah disparaît ici. Au sens propre comme figuré… Tetsavé est presque toujours lue la semaine du 7 Adar, jour de la disparition de Moché, et même les années à 2 Adar, elle est lue à proximité du 7 Adar I. Et si le nom de Moché s’absente momentanément de notre lecture, même si il reste très présent puisque Dieu s’adresse à lui à la deuxième personne du singulier, c’est pour laisser le devant de la scènene entièrement et exclusivement à son frère Aharon, le grand-prêtre.

Pourquoi fallait-il que pour que l’un prenne la lumière, le second s’efface? 

Il y a bien entendu de nombreuses analyses sur cette question. Mais je voudrais partager avec vous un éclairage du Rabbin Jonathan Sacks qui me semble interessant…

Moché est le Prophète, le dirigeant, le Roi. Il mène la bataille de l’existence, il dirige le peuple, il l’admoneste. Il lui présente une vision, le reprend quand c’est nécessaire. 

Aharon ne parle pas beaucoup. Enfin, si, il parle beaucoup puisqu’il est le porte-parole de Moché. Mais il est le grand-prêtre, le tenant de la sainteté de la Nation, l’homme de l’ombre, qui agit dans le silence du sanctuaire. 

Notre Paracha décrit son ouvrage quotidien. Quelque mots reviennent régulièrement dans notre Paracha: c’est « Tamid », qui signifie perpétuel, toujours, « Kavod », la gloire ou le respect, et « Tiféret » que nous traduirons par harmonie. 

Ce qui est décrit ici, c’est l’aspect des prêtres. Leur tenue vestimentaire est indissociable de leur statut à tel point qu’un Kohen qui effectue son travail incorrectement vêtu est vivement condamné et son service est invalidé. L’apparat et la magnificence du Grand-Prêtre sont décrits avec force détails et je vous engage à regarder visiter l’Institut du Temple à Jerusalem pour vous en faire une idée… 

Mais outre leur apparence, la Torah nous décrit ici la nature de leur travail. Un service minutieux, quotidien, répétitif. La morne routine. L’allumage des bougies de la Ménorah, toujours. L’encens, toujours. Les sacrifices quotidiens, toujours. Et même deux fois par jour…

Comment concilier cette image flamboyante du Kohen Gadol avec sa tâche qui semble bien terne? 

C’est là que réside un des secrets du judaïsme… 

Voici une idée que j’ai rencontrée à plusieurs reprises dans mes lectures cette semaine, qui, à mon avis, nous permet de résoudre cette équation… 

L’auteur du Ein Yaakov qui réunit de nombreuses Aggadot du Talmud rapporte dans son introduction un Midrash dont il n’a pas retrouvé la source. Il s’agit d’une discussion entre les Sages qui essaient de trouver un verset générique qui exprimerait la quintessence du judaïsme. « Ben Zoma dit: nous avons trouvé un verset plus générique, et c’est « Chema Israel… ». Ben Nanass, reprenant Rabbi Akiba, dit: nous avons trouvé un verset plus générique et c’est « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Chimon ben Pazi dit: nous avons trouvé un verset encore plus générique et c’est: « L’un des agneaux tu l’offriras le matin et tu offriras le second vers le soir » (Chemot XXXVIII, 39) ». Et la Hala’ha est fixée comme Ben Pazi. 

Emmanuel Levinas, dans « Difficile liberté » analyse cette discussion. Si le Chema est le credo du judaïsme, la seconde sentence recentre le judaïsme autour de la Morale. Le troisième principe, celui de Ben Pazi, décrit les conditions concrètes de la réalisation de cette vocation morale: les grands principes de morale restent lettre morte si on ne leur adjoint pas l’aspect concret qui repose dans les injonctions de la Hala’ha… 

Et c’est justement cette routine qui est magnifiée. Alors que l’on à tendance à rechercher l’exceptionnel pour vibrer, Aharon qui assure la constance est celui-là même qui incarne  l’exceptionnel. 

Parce que construire un édifice magnifique, c’est bien. Mais le faire vivre au quotidien exige d’autres qualités… 

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Sarah Weizman

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